Nous vivons une période extrêmement difficile avec un bouleversement dans nos habitudes. Nous risquons de subir des dégâts latéraux.La déprime risque de prendre le pas.
C'est peut être le moment de faire un petit retour sur nos racines chrétiennes et voir comment nos parents,et les générations précédentes ont vécu avec la religion dominante.
En 1905 la population française était de 27 millions,11,5 millions de chrétiens se disent baptisés .Jusque dans les années 1960 l'Eglise est présente partout dans les hôpitaux, l'éducation nationale,dans le social,dans l'éducation de la jeunesse en créant des patronages sur tout le territoire national. Cette Eglise a pris toute sa place dans le développement de la nation.
La génération des octogénaires se souvient qu' à Lesdins nous avions des processions.
Une à la date du 15 août la fête de l’assomption (fête de la vierge Marie) 3 petits reposoirs représentant la vierge étaient réalisés et fleuris en abondance . Un reposoir le long du canal, un à proximité du monument et un autre au niveau de la place,tout le long du parcours c'était des chants et des prières ( beaucoup dans les périodes d'après guerre) les jeunes filles portaient des corbeilles en osier pleines de pétales de rose jetées sur le parcours.
Peut- être pourrions nous comme nos aïeux écouter de temps en temps les paroles qui peuvent nous rassurer et nous permettre de retrouver la sérénité.
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Article de Frédéric Joignot du journal le monde La France a-t elle des racines chrétiennes
Revenons sur cette histoire religieuse. Quand on parle des racines chrétiennes de la France, on évoque un pays couvert d’églises et de cathédrales. A quelle époque ce mouvement d’évangélisation a-t-il eu lieu ?
Au cours du premier millénaire. Des foyers de christianisme sont attestés dès le début de notre ère, mais il faut attendre les Ve et VIe siècles pour que le christianisme se diffuse à l’ensemble du territoire de la France actuelle, notamment sous l’effet de l’action des rois Francs et des monastères.
C’est ensuite sous les Carolingiens, à partir du VIIIe siècle, que se consolident les structures institutionnelles, sociales et mentales du christianisme, avec un contrôle bien plus affirmé de l’évêque sur ses prêtres et ses fidèles, que ce soit dans les centres urbains ou dans les paroisses rurales. A noter aussi, à partir du IXe siècle, l’importance intellectuelle et spirituelle de l’abbaye de Cluny. Comme l’écrit, à Cluny, le moine chroniqueur Raoul Glaber au moment de l’an mille, « le monde se couvre alors d’un blanc manteau d’églises ». Mais il importe de ne pas dresser un tableau irénique de la période : les textes des évêques nous confrontent à une population syncrétique qui articule sa foi chrétienne à des pratiques païennes.
Le pouvoir carolingien avait déjà voulu éduquer la foi des fidèles en éduquant celle des prêtres. Au cours des siècles suivants, les ordres mendiants, tels les franciscains ou les dominicains, développent une politique similaire : « démagifier », au nom de la veritas, une pratique de la religion que la réforme grégorienne du XIe siècle a entrepris de discipliner.
En quoi être chrétien au Moyen Age différait d’aujourd’hui, où les églises sont beaucoup moins fréquentées ?
A l’époque, le monde est saturé de religion. Le sacré est partout, dans les agencements institutionnels de la société comme dans l’imaginaire vécu des individus, à ce point que l’incroyance n’est pas pensable. Tout cela fait corps avec une théologie de l’histoire : tout procède de Dieu, et tout y retourne. Chaque événement ici-bas témoigne d’une intention divine, même les fléaux – la maladie, la famine, la guerre. Saint Augustin, dont la pensée structure l’imaginaire médiéval, a développé cette idée dans La Cité de Dieu (413-426) : « Les malheurs ne sont, pour les chrétiens, qu’épreuves et châtiments. » Ce monde fait aussi signe vers l’au-delà : la vie ici-bas n’a pas d’épaisseur propre, elle est un temps d’attente destiné à être couronné par le temps du salut éternel. Saint Augustin parle, en ce sens, du temps terrestre comme d’un « noviciat de l’éternité », une préparation à l’essentiel, la vie avec Dieu. Même si, à partir du XIIIe siècle, l’Eglise admet aussi la grandeur de la « vie ordinaire ».
Jusqu’à la révolution de 1789, avec cependant un début de sécularisation depuis le XVIe siècle, l’Eglise englobe les existences. Le temps journalier, avec les sonneries de cloches. Le temps annuel, avec le calendrier liturgique, la longue durée de l’existence, puisque la succession des saisons de la vie est marquée, de la naissance à la mort, par les rituels chrétiens. Le prêtre est le recteur des consciences, et encore davantage depuis le concile du Latran (1215), qui impose la confession auriculaire à tous les fidèles. L’Eglise intervient aussi au niveau de l’existence collective. Elle dispose d’un quasi-monopole dans le domaine de l’éducation des enfants ou dans celui de l’assistance aux malades ou aux nécessiteux. Ses registres de baptême, de mariage, de décès tiennent lieu d’état civil, dans un univers où, si l’on excepte les juifs, n’existe, jusqu’au XVIe siècle, d’autre religion que la religion romaine.
Pouvoirs spirituel et temporel, Eglise et monarchie sont alors indissolublement associés ?
L’alliance de l’Eglise catholique avec le pouvoir royal est, en France, la caractéristique majeure du système politique d’Ancien Régime, ce qui explique d’ailleurs, comme l’a montré Tocqueville, l’anticléricalisme de la révolution et de la République.
Cette alliance se manifeste au niveau du mode d’institution du pouvoir. Le roi est « fils aîné de l’Eglise », porté par la providence à son office, comme l’atteste le sacre qui prend sa forme, en 754, avec l’intronisation de Pépin le Bref. Le sacre se pérennisera jusqu’à Louis XVI, et même jusqu’à Charles X, en 1825. Le pouvoir doit, dans les lois qu’il édicte, répondre à l’ordre de Dieu, ce que traduit le droit français du culte ou du mariage.
D’autres influences, plus séculières, se mêlent-elles déjà à cet héritage chrétien ?
La difficulté est que tout se mêle. La matrice chrétienne, soutenue par le pouvoir, absorbe des apports extérieurs qui viennent parfois des temps préchrétiens. Ainsi en est-il de la réception par le droit d’éléments empruntés au droit romain redécouvert par l’université de Bologne aux XIe et XIIe siècles : il s’agit de s’ajuster à l’urbanisation d’une société qui a besoin, pour régler ses échanges, d’un droit plus technique qui insiste sur les principes de propriété et de volonté.
On doit y ajouter l’importance de la doctrine aristotélicienne, portée au XIIIe siècle par saint Thomas d’Aquin : elle entend donner sa place aux idées de « nature » et de « raison », dans le cadre d’un ensemble où le premier moteur reste cependant la volonté divine. Un rationalisme classique se met en place alors, qui annonce le rationalisme moderne. Un accord s’était construit autour de l’importance des penseurs arabes – on peut songer au penseur cordouan Averroès – dans la diffusion de la pensée d’Aristote.
Cette dette a été relativisée par l’ouvrage du médiéviste Sylvain Gouguenheim, Aristote au Mont Saint-Michel (Seuil, 2008), qui affirme que les textes d’Aristote ont, en fait, été conservés et diffusés par les moines du Mont. Cette thèse d’un Occident autoréférent, sans apport extérieur, n’a pas fait souche.
A la fin du XVIe siècle, les guerres de religion ravagent la France. Le fanatisme, la violence religieuse : c’est aussi cela, l’héritage chrétien ?
Il s’agit d’une « guerre cosmique », selon l’expression du sociologue Mark Juergensmeyer, dans Au nom de Dieu, ils tuent ! [Autrement, 2003]. Ces guerres de religion sont autre chose que des guerres de territoire : elles sont portées par une conception verticale de la relation à Dieu, dont nous n’avons plus idée aujourd’hui , elles incorporent une dimension sacrale, qui explique la montée aux extrêmes de la violence qu’elles déchaînent. En témoigne le massacre de la Saint-Barthélemy, en 1572.
Il faut attendre l’édit de Nantes, en 1598, pour que la royauté, effrayée par les débordements des violences religieuses, accorde certaines prérogatives cultuelles aux protestants, en faisant prévaloir la paix de l’ordre civil sur le salut de ses sujets. C’est un coin enfoncé dans le schéma de l’unité politico-religieuse issue de la Respublica christiana. Cela ne durera pas : l’édit de Nantes est révoqué en 1685, sous Louis XIV, par l’édit de Fontainebleau, qui relance les persécutions des protestants.